L’adolescence : un passage difficile ?
L’adolescence, période de transition entre l’enfance et la vie d’adulte, inquiète beaucoup de parents. Souvent décrite comme un passage difficile, qu’en est-il réellement ? Et si mon ado va bien, c’est grave docteur ? Cette petite personne que nous élevons depuis des années a soudain des envies d’indépendance. Quoi, nous ne sommes plus son référent privilégié, celui qui sait tout ! De plus, il remet en question nos règles de base (sorties, utilisation du portable, etc). Bon, on peut en discuter quand même ? Pour une adolescence réussie...
Comment aborder l’adolescence ?
En latin « adolescere » signifie grandir. La notion d’adolescence est un phénomène récent qui apparait à la fin du XIXe siècle, c’est la période du passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte. La transition débute à l’arrivée de la puberté qui est à l’origine de nombreux changements : physique, hormonal, psychique, neurologique. L’ado cherche son identité, il devient vulnérable face à des angoisses dont il ignore l’origine. Il peut ressentir un certain mal être qui va le fragiliser en société, cette fragilité peut se traduire par de l’agressivité qui sera surtout dirigée contre les adultes, ses parents, parfois ses profs ou envers lui-même.
Bref un bouleversement dans le fonctionnement de notre enfant, qui voit son corps évoluer avec des poussées de croissance, les seins qui se forment, la voix qui mue et l’apparition de désir sexuel... Ainsi, nous assistons au changement de notre petit(e) qui devient grand(e). Puis, on entend parler de cette fameuse adolescence sur-médiatisée comme du parcours d’un combattant, avec plein d’obstacles à surmonter, un comportement excessif, des attitudes de défi. Mais quand on sait que 10% des ados sont dans une détresse absolue avec des fugues, des mises en danger (alcool, drogue...), on sait aussi que 90% vont bien. Ok ! Et notre ado, alors comment va-t-il ?
Savoir décrypter son ado !
On l’a compris, l’adolescence est une phase compliquée chez notre enfant. Il souhaite devenir plus indépendant, il a des sautes d’humeur, prend une attitude de défi envers nous, nous contredit sur toutes sortes de sujets. Il se transforme en véritable révolté, qui ne cesse de revendiquer, avec qui il faut sans cesse négocier. En fait, il remet souvent en cause les règles établies et ronchonne excessivement.
10% d’entre eux vont jusqu’à la violence : violence envers les parents ou violence envers eux-mêmes (scarification, conduite à risque, tentative de suicide, prise d’alcool ou de drogue). Si cela dégénère, il faut se faire aider par des spécialistes, comme un pédopsychiatre, un psychologue. Il se peut aussi que notre ado souffre de dysthymie (forme légère de dépression). Notre ado est unique mais attention, il veut tellement être semblable aux autres que cela peut l’amener à faire de dangereuses expériences, juste pour faire comme les autres.
Puis, comment ne pas s’agacer devant le charmant spectacle de son ado, affalé sur son lit dans une chambre où règnent une foule d’odeurs suspectes, qui nous répond à peine parce qu’il est vissé sur son téléphone portable ou en pleine partie d’un jeu où il doit sauver la planète. Charmante personne qui grogne quand on lui demande d’aller se doucher car il est déjà 16 h et qu’on lui a demandé à 11h du matin... la veille ! Sans parler de lui faire ramasser la multitude de bouteilles plastiques vides ou de chaussettes sales qui traînent partout.
Mais finalement, nous sommes tout de même contents de le voir comme cela car de temps en temps : il nous parle... de ce jeu, ou du copain avec qui il échangeait, ou de ses cours qui ont tous lieu avec des « gros nuls » de profs. Et puis, nous avons la chance de le voir s’épanouir dans un sport, une activité artistique, qui lui permet de canaliser toute cette énergie et parce que notre ado fait partie des 90% qui vont bien : ouf son adolescence n’est pas aussi terrible que cela !
Communiquer avec son ado : c’est primordial
Il est primordial de prendre le temps de discuter avec lui, d’écouter ses arguments, d’arriver à échanger calmement sur toutes sortes de sujets même si nous ne sommes pas d’accord. Supposons que nous venions, par exemple, de découvrir qu’il fume ou qu’il a déjà été en état d’ébriété : Il est inutile de le juger trop sévèrement et il faut surtout éviter l’affrontement pour ne pas rompre le dialogue. Très important : choisissons un moment où il est disponible et réceptif. Nous ne devons pas lui faire la morale, après tout, nous n’avons pas forcément été un modèle non plus. Il faut en parler, lui expliquer que les conséquences auraient pu être dramatiques (coma éthylique), lui demander ce qu’il a ressenti, si cela en valait le coup... s’il fume, il faut lui faire prendre conscience de la dépendance que la cigarette va provoquer, etc. Bien sûr il écoutera sagement et nous promettra de ne jamais recommencer ou pas, hum...mais l’important est de faire passer le message et qu’il puisse y réfléchir.
Il est faut être attentif, observer discrètement son ado, étudier son comportement, surveiller ses résultats scolaires, sportifs. Si on relève une baisse de ses notes, un désintérêt dans son sport, cela cache sûrement quelque chose . Il se peut qu’il traverse une période difficile, comme devenir complexé en raison de ce corps qui change, avoir une relation amoureuse unilatérale, subir des moqueries à l’école, être en situation d’échec.
Nous n’allons pas lui faire subir un interrogatoire mais l’amener à s’exprimer, et surtout éviter le sempiternel « quand j’avais ton âge ». En fait, l’ado a du mal à nous percevoir comme des anciens ados et notre expérience sera forcément ringarde, rien à voir avec lui. Il faut aussi prendre le temps de connaître ses copains/copines, d’échanger avec eux, surtout s’il a changé récemment de fréquentations. Puis lui demander comment se crée un compte Facebook / Instagram sans pour autant vouloir être ami avec lui... mais simplement pour comprendre comment cela se passe dans son monde où l’image a tellement d’importance et où l’information circule tellement vite.
Notre ado reste avant tout notre enfant, cet être qui ne cesse de grandir et de changer sous nos yeux, avec ses émotions qui varient du jour au lendemain. Il peut parfois devenir insolent, provocateur, il va traverser plusieurs phases : l’opposition, l’indépendance, avoir des crises d’adolescence, de rêves pour changer le monde. Et nous nous devons d’être attentifs à tout cela, comprendre ses sautes d’humeur, ne pas se moquer de ses rêves.
Mais nous restons ses parents, attention à ne pas vouloir devenir son copain, et bien lui faire comprendre qu’il nous doit le respect.
Accepter de le voir grandir
Il est à noter que si l’ado se comporte différemment en raison de tous ses changements morphologiques, il en est de même pour nous, parents, qui lorsque nous vivons l’adolescence de leur enfant, faisons nous-mêmes notre crise de la quarantaine ou de la cinquantaine, avec notre lot de tension, de stress et de remise en question. Nous sommes également à la moitié de notre vie, avec notre lot d’interrogations (ménopause, andropause). Tout comme nos ados, nous avons des questions sur notre sexualité, sur la peur perdre nos parents. Alors parfois, nous agissons comme si nous voulions stopper sa croissance, et du coup stopper notre vieillissement, il nous arrive même de nous comporter comme des ados.
A l’instar de son enfance où nous étions en admiration devant ses progrès et toujours pressés d’en voir plus, à l’adolescence tout va trop vite. Il est difficile de le voir devenir de plus en plus indépendant, de le voir se détacher de nous pour se rapprocher d’un ou d’une autre. Il arrive également que notre ado quitte le nid plus tôt que prévu, par exemple lorsqu’il part en internat. Il devient alors extrêmement laborieux de savoir ce qu’il se passe dans sa vie.
Souvent, nous avons l’impression de ne plus compter pour lui. Il s’exprime par monosyllabes quand il daigne répondre à nos questions. Cela ne sert à rien d’insister, il faut choisir un autre moment pour échanger : le repas par exemple, seul moment de la journée où il n’est pas vissé sur son portable ou son ordinateur. Mais avant tout, il faut surtout que nous, parents, acceptions de le voir grandir. Notre ado a ses secrets, ses doutes de petit adulte. Il faut vraiment lui faire sentir que nous sommes totalement disponibles pour lui, à son écoute et que nous sommes tout à fait capables de le comprendre en tant que « grand ».
Liberté, indépendance : les limites
Nous avons bien compris que nos principaux rivaux dans la vie de notre ado sont le téléphone, l’ordinateur, la console de jeux, autant de facteurs de replis, qui nous donnent l’impression qu’il ne vit pas réellement. Qui n’a pas dit à son ado de sortir, d’aller voir ses copains/copines « en vrai », de bouger de sa chambre quoi ! Transformée en une sorte de sanctuaire : son moyen d’exprimer sa personnalité.
En fait, Il est compliqué pour nous, parents, de comprendre que ses moyens de communication sont justement les jeux en ligne, les sms, les snaps, Instagram et autres réseaux sociaux. Notre ado a une vie virtuelle qui est bien réelle pour lui. Son « profil » est aussi important que son look. (En revanche, si on lui demande de poser pour une photo d’anniversaire ou autre, il ne veut pas et parallèlement à cela il est sans arrêt en train de faire des selfies).
Attention, si nous voulons restreindre l’utilisation du portable et autres objets connectés : le combat commence, l’ado nous demande même plus de liberté, il invoque son droit d’indépendance. C’est également le moment où il nous demande de participer à des soirées entre amis. Nous devons croire en lui et établir un contrat de confiance. Ok nous lui accordons des libertés mais lui, en échange, respecte les horaires d’utilisation de portable, de rentrées de sorties, et il doit être honnête et sincère. Il peut arriver que notre ado dépasse les limites, consomme de l’alcool, teste sa première cigarette, voire son premier joint mais surtout comme nous l’avons déjà précisé : il ne faut pas dramatiser car l’important est de communiquer, d’être compréhensif pour ne surtout pas le pousser à nous mentir.
Notre ado doit être bien conscient que nous l’aimons, que nous l’admirons, qu’il restera toujours notre petit... devenu grand.
Cet article est rédigé par Sandrine Ramaux, mère de deux garçons de 16 et 20 ans. Assistante de direction en reconversion, elle suit une formation de web rédactrice. Elle adore tout ce qui est la mode, la psychologie, les voyages, et est assez curieuse de toutes sortes de sujets.
Crédits photographiques : sciencespo.fr, lefigaro.fr, lyoncapitale.fr, animauxonline.com
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