Les "intelligences multiples" du cerveau

Selon Olivier Houdé, professeur de psychologie à l'Université Sorbonne-Paris-Cité, depuis un demi-siècle, une conception monolithique de l'intelligence s'est ancrée dans nos mentalités et dans le système éducatif.

 

À savoir, que les capacités logiques et mathématiques seraient un miroir général du potentiel intellectuel de chacun. Cette conception est issue des travaux du psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980), qui fut le premier à affirmer que l'intelligence humaine représente la forme optimale de l'adaptation biologique et qu'elle atteint son point d'excellence, dans le développement de l'enfant, par la logique et les mathématiques. C'est ce qu'on appelle « l'intelligence logico-mathématique », valeur cardinale de notre école.

 

Mais cette vision est en train d'évoluer. Après Jean Piaget, d'autres psychologues et spécialistes de l'éducation comme Howard Gardner, de l'Université de Harvard, ont défendu une conception moins unilatérale et plus ouverte de l'intelligence.


Tout en soulignant, comme Piaget, qu'elle constitue une propriété biologique de notre cerveau, Gardner considère que notre intelligence s'exprime sous des formes multiples et relativement autonomes : l'intelligence logico-mathématique certes, mais aussi visuelle-spatiale, interpersonnelle, corporelle-kinesthésique, verbale-linguistique, intrapersonnelle, musicale-rythmique et naturaliste-écologiste (voir la double page suivante).


Son argument est double.


D'une part, il constate que des lésions de parties différentes du cerveau entraînent, chez les patients qui en sont atteints, la perte de formes différentes d'intelligence. D'autre part, il remarque que les génies ne développent pas tous la même forme d'intelligence : Freud, Einstein, Picasso ou Gandhi sont tous géniaux mais dans des domaines différents.


De même, en classe, dans les activités de loisirs ou à la maison, chaque professeur, éducateur ou parent sait, mieux que quiconque, combien l'intelligence des enfants peut être multiple.